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En observant la nature, Manasobu Fukuoka (1913 – 2008) a créé une méthode qui fournit des rendements très élevés avec un travail minimal. Au lieu de lutter sans cesse contre les phénomènes naturels (ce qui épuisant pour l’agriculteur et le maintient dans un rapport agressif vis à vis d’eux), il s’en est inspiré en développant par exemple la succession de cultures suivante :
Au lieu d’avoir à désherber puis à fertiliser la terre, Fukuoaka utilise la paille et le trèfle qui remplacent ces actions naturellement et sans effort de sa part. L’arrosage est réduit au minimum (contrairement au cas d’une terre mise à nu avec une évaporation maximum).
Cette méthode est très productive, ne demande que très peu de travail de la part de l’agriculteur, n’utilise aucun intrant chimique (engrais, pesticides, fongicides etc.) et ne détériore pas le sol. En revanche, elle demande des connaissances précises sur la nature du sol, le climat local, la succession de cultures etc.
Bien entendu, cette technique, que Manasobu Fukuoka a mis 30 ans à développer, très bien adaptée aux conditions présentes au Japon, ne peut pas être copiée purement et simplement ailleurs. En revanche, la méthode de Fukuoka est générale : une observation attentive de la nature et une maîtrise des interactions entre les différents éléments permet d’obtenir de bons rendements, avec un effort minimal, sans utiliser de pesticides ou d’intrants et ce d’une manière durable.
Plus généralement, « l’agriculture sauvage » de Manasobu Fukuoka repose sur quatre principes :
Comme Manasobu Fukuoka l’écrit dans son ouvrage « La révolution d’un seul brin de paille » :
Cette méthode va totalement à l’encontre des techniques agricoles modernes. Elle jette le savoir-faire agricole scientifique et technique aux oubliettes. Avec ce type d’agriculture, qui n’utilise ni machines, ni engrais fabriqué, ni produits chimiques, il est possible d’obtenir une récolte égale, voire supérieure à celle d’une exploitation japonaise moyenne. La preuve est en train d’être faite sous vos yeux ».
L’agriculture naturelle est pratiquée dans tout le Japon et s’est aussi répandue en Chine où 400 000 hectares sont cultivés de cette manière (données de 1997).
Depuis 1962, Sepp Holzer a repris la ferme de ses parents ( le Krameterhof) située dans une région montagneuse d’Autriche, entre 1100m et 1500m d’altitude. Lorsqu’il s’est lancé comme jeune agriculteur, beaucoup de gens l’ont pris pour un fou et ont pensé qu’il n’arriverait à rien sous ce climat montagnard, vue la topologie des lieux. Comme il l’écrit dans l’introduction de son livre « La permaculture de Sepp Holzer » :
J’ai aménagé des étangs, des terrasses et des jardins végétaux, j’ai créé des élevages de poissons et de bœufs sauvages ainsi que des champignonnières, une pépinière alternative et bien d’autres choses. […] Au cours du temps, j’ai réussi à doubler la surface du Krameterhof. […] La permaculture « Holzer » inclut l’aménagement paysager (construction de terrasses, installation de plates-bandes sur butte surélevées, jardins aquatiques, étangs, réservoir de retenue d’humus, petites zones climatiques), l’agroforesterie (intégration des arbres et des arbustes dans l’exploitation agricole), la pêche, la culture des plantes aquatiques, l´élevage, l’arboriculture fruitière, l’agriculture d’alpage et la culture de plantes alpines et d’herbes médicinales.
Autrement dit, à partir d’une situation peu favorable, Sepp Holzer a réussi à créer une exploitation florissante. En intégrant toutes les ressources disponibles (sources, étangs, marais, rocher, forêts mais aussi êtres vivants, comme les cochons, les poules, les canards, les oiseaux, les insectes, les hérissons etc.) dans sa planification, il reste en accord avec le biotope et permet la cohabitation de tous les êtres vivants de manière harmonieuse. Il serait trop long de décrire tous les aménagements réalisés par Sepp Holzer mais nous pouvons donner quelques exemples :
Dans le même ouvrage, il décrit comment sa permaculture peut être développée dans un jardinage urbain et une culture sur terrasse ou sur balcon : dans un grand bac il installe un tronc d’arbre qui sert d’une part de support pour la culture de plantes grimpantes comme la vigne, les kiwis, les concombres, les courges, les courgettes, les pois, les haricots, les roses, et d’autre part pour la culture de différents champignons comestibles (en perçant des trous dans le tronc pour y inoculer le mycelium). On introduit aussi des lombrics (vers Eisenia) dans la terre, ce qui permet au sol de se régénérer (on dépose directement dans le bac les déchets végétaux) grâce aux nutriments apportés par le travail incessant des lombrics. Le tronc d’arbre sert aussi de réserve d’eau ce qui limite l’arrosage.
Toutes ces idées sont très inspirantes mais ce que l’on peut retenir aussi, c’est la manière dont Sepp aborde chaque cas spécifique avec créativité en tenant compte de l’environnement. C’est cette méthode qui peut être adaptée ensuite à chaque situation particulière et à laquelle Bill Mollison donnera le nom de permaculture des années plus tard.
En cours de rédaction
A Mouscron en Belgique, Gilbert et Josine Cardon cultivent depuis 46 ans un jardin de 1800 m2 en permaculture, contenant 2050 arbres et arbustes fruitiers différents (plus de 1300 variétés) et 5000 variétés de plantes comestibles.
Depuis 1970, il n’a jamais introduit aucun engrais chimique de synthèse, aucun pesticide, aucun produit de traitement même biologique (cuivre, bouillie bordelaise, chaux etc.), pourtant il n’a quasiment aucune maladie.
Le sol n’est jamais travaillé, il n’y a aucun arrosage et la très grande diversité des plantes cultivées permet une production intensive toute l’année, même en hiver.
Les adventices arrachés, les reste de tonte ou de taille ainsi que les déchets ménagers (épluchures de légumes etc.) sont déposés directement sur le sol pour un compostage en surface permanent, ce qui nourrit terre et la rend de plus en plus fertile avec le temps.
Des tas de branches sont disposés en divers endroits du jardin de manière à abriter les auxiliaires comme les hérissons et des insectes pollinisateurs (abeilles sauvages, bourdons etc.).
De nombreuses plantes se ressèment spontanément (ail des ours, alliaire, pissenlit, barbarée commune etc.) et permettent d’avoir des salades vitaminées dès la fin de l’hiver.
La présence d’abris à insectes, de mares, permet d’abriter les perce-oreille (qui dévorent les oeufs et les larves d’insectes nuisibles qui attaquent les fruits), les grenouilles, les crapauds (qui mangent les limaces), les araignées, les cloportes (qui en mangeant les matières décomposées empêchent la pourriture d’un fruit de se propager). La culture précoce des fèves permet d’attirer les pucerons qui serviront de nourriture aux coccinelles, celles-ci permettant de limiter ensuite la prolifération des pucerons sur les autres cultures et sur les arbres fruitiers.
L’ail des ours poussant au dessous des arbres fruitiers permet d’éviter les maladies comme la cloque du pêcher.
La présence de nombreux oiseaux qui mangent les pucerons et les larves d’insectes ravageurs limite les dégâts sur les légumes et les fruits.
En 2004 – 2005, un institut agronomique est venu mesurer la qualité du sol (l’état des sols en Belgique était devenu préoccupant avec un très faible taux d’humus). De la terre a été prélevée et des mesures ont été effectuées. Les personnes ont ensuite demandé à revenir car ils pensaient s’être trompés dans leurs mesures … En fait, après une seconde série de prélèvements, les résultats ont été identiques :
La conclusion du rapport était que le jardin disposait d’une réserve de nutriments pour les dix ans à venir et qu’il n’était pas nécessaire d’apporter un quelconque amendement !!! (comme le dit avec humour Gilbert dans la vidéo : « ils n’ont rien compris, rien de rien, mais c’est triste »).
Le jardin-forêt de Josine et Gilbert montre que lorsque l’on cultive en permaculture, l’analyse effectuée par l’agronomie moderne ne s’applique pas et est dépassée : alors qu’une profusion d’un si grand nombre de variétés d’arbres fruitiers devrait mener à l’explosion des maladies, il n’en est rien, au contraire il n’y en a quasiment pas et ce sans aucun traitement.
L’expérience du jardin de Gilbert et Josine montre qu’on peut obtenir une production incroyable, sur une surface assez limitée, avec très peu de moyens, à condition de cultiver avec la nature et non pas en opposition avec ses lois.
Lorsque l’on défriche une forêt tropicale primaire (au Costa-Rica, au Brésil ou ailleurs), pour cultiver (du soja pour nourrir le bétail en Europe par exemple), dans un premier temps les rendements sont bons, puis ils chutent brutalement. Cela s’explique par le fait que le sol est rapidement épuisé par la culture intensive et le lessivage par les pluies. Au bout de quelque temps, on crée un désert et il faut déboiser ailleurs.
En revanche, dans la jungle, même si on forme une clairière, celle-ci est rapidement colonisée par les espèces environnantes et le sol est régénéré. La nature est résiliente lorsqu’on la laisse agir.
Jack Ewel, professeur de botanique en Floride a émis l’hypothèse suivante :
Si l’on pouvait simuler une repousse naturelle de la jungle en remplaçant des espèces sauvages par des cultures indigènes, on pourrait parvenir au même phénomène de construction de la fertilité, mais en améliorant le système au lieu de l’épuiser. Il suffit de commencer par le premier stade (graminées et légumineuses), puis d’ajouter des cultures imitant le deuxième stade (arbrisseaux pérennes), et ce jusqu’aux plus grands arbres, tels les arbres à fruits à coque, par exemple.
Jack Ewel et son collègue Corey Berish ont testé leur hypothèse sur quatre parcelles défrichées au départ.
Alors que les troisième et quatrième parcelles perdent leur fertilité très rapidement, les deux premières gardent tous leur nutriments.
La « jungle comestible » (deuxième parcelle) permet donc de produire intensivement et de façon durable, contrairement au cas de la monoculture.
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Dans les déserts, les précipitations sont peu fréquentes et irrégulières de sorte qu’on ne peut pas y pratiquer une agriculture conventionnelle. Dans son livre Gathering the Desert, l’ethnobotaniste Gary Paul Nabhan décrit les méthodes utilisées par les Papagos :
Dans la mesure du possible, les Papagos règlent leur agriculture sur l’horloge biologique du lieu. Ainsi, la plantation coïncide avec l’émergence des plantes annuelles du désert, bien avant, ou après les pluies nourricières. En ne plantant que dans les cônes de d’éjection inondés, ils évitent d’avoir à irriguer de manière intensive, ce qui, dans ce climat d’évaporation excessive, laisserait des sels toxiques dans les couches supérieures du sol. En plus des plantes annuelles, les Papagos sèment des plantes grasses, des graminées et des plantes ligneuses, pour la nourriture et les fibres qu’elles produisent. Les cultures sont parsemées de prosodie sauvages, qu’on laisse dans les champs parce qu’ils fixent l’azote et puisent les nutriments du sol stockés en profondeur. Bien avant que les agronomes ne sachent pourquoi cette association de plantes compagnes fonctionnait, les Papagos la mettaient en pratique, ayant pris pour modèle le « génie du lieu ».
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(*) Source : Biomimétisme écrit par Janine M. Benyus et publié chez Rue de l’échiquier