Etre un relais pour la biodiversité en ville

Le développement des villes et l’agriculture industrielle ont eu des effets dévastateurs sur la biodiversité en général.

Un ami entomologiste me racontait que dans les années 70, on ne pouvait pas traverser la France en voiture sans être obligé de s’arrêter au milieu du parcours pour nettoyer le pare-brise qui était couvert d’insectes. Actuellement, même à la fin du voyage, le pare-brise est propre …

L’usage immodéré des pesticides, des fongicides, des herbicides, la destruction des habitats naturels, la transformation des méthodes agricoles et l’évolution de notre société ont conduit à une raréfaction non seulement de certaines espèces emblématiques comme les abeilles (dont la destruction des colonies à cause en particulier des néo-nicotinoïdes est bien connue et relayée dans les médias) mais surtout d’un nombre incroyable d’espèces dont personne à part les spécialistes n’a jamais entendu parler.

Les scientifiques sont unanimes et leurs constatations vont toutes dans le même sens : la diminution de la biodiversité animale et végétale sur la planète est extrêmement préoccupante.

De mon côté, je fais le constat suivant : un grand nombre de variétés horticoles vendues dans les jardineries ou utilisées pour fleurir les villes n’attirent que très peu les insectes. D’un point de vue esthétique, les jardins ornementaux sont souvent magnifiques, avec une composition élaborée et élégante, mais ils manquent de vie, ce sont un peu des « natures mortes ». Je vois quatre raisons à cela :

de nombreuses plantes vendues et utilisées en France proviennent de pays étrangers (parfois tropicaux) et les animaux qui les utilisent naturellement ne vivent pas sous nos climats,
très souvent les plantes commercialisées ont été traitées pour résister au transport, aux maladies, aux insectes ravageurs, elles sont donc toxiques pour la faune qui ne s’en nourrit pas,
on ne laisse pas les plantes effectuer leur cycle complet ( jusqu’à la graine ) car seules les fleurs nous intéressent, les insectes, les oiseaux etc. ne peuvent donc pas reconstituer leurs réserves avant l’hiver,
les plantes d’origine locale, aromatiques, médicinales ou à parfum sont très méconnues et peu cultivées (car souvent jugées trop « communes ») alors que ce sont elles qui attirent le plus les insectes (et donc aussi les oiseaux),
les variétés locales lorsqu’elles sont utilisées, ont souvent été sélectionnées pour que les fleurs soient multiples, ou qu’il y ait une prédominance de pétales (aspect ornemental) au détriment des autres parties de la plante qui servent effectivement de nourriture aux insectes.

Lorsqu’on est conscient de tous ces enjeux, et que l’on ne veut pas participer à cette dégradation générale de l’environnement, on ne peut que souhaiter favoriser la biodiversité (à son humble échelle).

Sur mon balcon, j’ai donc adopté la démarche suivante :

je cultive énormément de plantes médicinales, aromatiques, à parfum,
je cultive une très grande variété de légumes et de plantes pour attirer une faune la plus variée possible,
je laisse les plantes monter à graines et achever leur cycle.

Le résultat est assez incroyable : bien qu’habitant au troisième étage en proche banlieue parisienne, j’ai très souvent la visite de nombreux insectes butineurs, de bourdons, d’abeilles, et de beaucoup d’autres espèces dont je ne connais pas (encore) le nom. Lorsque l’agastache, le mélilot, la phacélie ou la menthe (ou les dizaines d’autres plantes aromatiques et médicinales) sont en fleurs c’est un ballet continuel ! J’ai régulièrement la visite de mésanges et d’oiseaux variés. Tous les invertébrés sont les bienvenus : fourmis, cloportes etc. (à part les limaces lorsqu’elles sont un peu trop envahissantes…).

Voici quelques photos pour illustrer cela (en attendant le film que je suis en train de préparer sur le balcon) :

Abeille butinant une fleur de roquette mi-avril 2015

Syrphe (à vérifier, je suis un entomologiste grand débutant !) sur une phacélie en juin 2015

Sur un chou en fleurs en avril 2015

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