Thé de compost

Dans le lombricomposteur (ou vermicomposteur) les vers Eisenia accélèrent la décompostion de la matière organique et permettent grâce à leur tube digestif la multiplication des micro-organismes du sol. Ce sont en grande partie ces micro-organismes qui fournissent ensuite les plantes en nutriments assimilables.

La fabrication du « thé de compost » entraîne une explosion du nombre de micro-organismes aérobies (dépendant de l’oxygène) contenus dans le compost. Grâce au thé de compost, le sol devient encore plus vivant et cela est très précieux en particulier dans la culture en bacs où les échanges avec l’extérieur sont limités et où le sol se dessèche rapidement.

Pratiquement, j’utilise une poubelle que je remplis d’eau du robinet (elle contient donc du chlore). Au fonds de la poubelle, j’ai disposé des bulleurs à aquarium (pompe à air équipée d’un diffuseur) qui fonctionnent en permanence (la consommation électrique est très réduite), ce qui permet d’évacuer le chlore de l’eau :

Bulleurs à aquarium – j’ai lesté les diffuseurs avec des morceaux de métal pour les maintenir au fonds de la poubelle (les ventouses sont peu efficaces)

Il faut compter environ 1 heure pour évacuer tout le chlore de l’eau. Il est néfaste pour la vie du sol d’arroser avec une eau chlorée car chlore est justement là pour éliminer les bactéries de l’eau et la rendre potable, alors que l’on cherche au contraire en jardinage à avoir une eau riche en micro-organismes favorables.

Je rajoute ensuite dans la poubelle quelques poignées de vermicompost frais (tirée du vermicomposteur qui se trouve à côté) qui contient pas moins de 20 000 espèces de micro-organismes ainsi que de la mélasse biologique qui contient en plus des sucres de nombreux minéraux. Les micro-organismes du sol, bactéries y compris, utilisent ces minéraux pour fabriquer des enzymes permettant ensuite les transformations chimiques.

Je laisse ensuite le thé de compost bouillonner pendant un ou deux jours, le temps que les micro-organismes assimilent la mélasse :

Poubelle contenant le thé de compost bouillonnant. Elle est placée sous la table de culture ce qui est très pratique (aucun espace gaspillé). Pour transférer l’eau de la poubelle à l’arrosoir j’utilise un système de siphon (tuyau transparent plongeant dans le thé de compost). Le vermicomposteur est juste à côté ce qui permet facilement le transfert de poignées de lombricompost.

Puis j’arrose les plantes avec le mélange obtenu. Les résultats sont assez incroyables avec des plantes magnifiques.

Il faut absolument aérer le thé de compost avec les bulleurs sinon le mélange devient anaérobie, les micro-organismes aérobie meurent et le mélange peut avoir une mauvaise odeur (comme dans le cas des purins).  Il perd aussi une bonne partie de son efficacité.

Il vaut mieux mettre du vermicompost frais qui contient de nombreux micro-organismes plutôt qu’un vermicompost ancien qui a partiellement séché, les bactéries étant alors en sommeil.

Lors du brassage aéré du thé, des éléments solubles sont libérés, ainsi que des acides humiques et fulviques, des hormones de croissance et des régulateurs. Ces substances humiques bioactives auraient une action similaire à celle que les hormones de croissance des plantes produisent. On a notamment mis en évidence l’action de l’acide indoleacétique qui régit en particulier le développement des racines secondaires.

Par ailleurs, l’utilisation du vermicompost et du thé de compost, en multipliant la présence de bactéries favorables, limite le développement des parasites, des acariens, des pucerons, de l’oïdium, du mildiou etc. Par exemple, Clive Edwards, entomologiste de l’université de l’Ohio a testé l’action du vermicompost et du thé de compost sur des cultures infestées artificiellement avec le Meloidogyne incognata, un parasite de la tomate. Il a noté les résultats suivants (cf. le livre de de Jean-Paul Collaert – Lombricompost pour tous ):

• sur les tomates témoin, 25% des racines sont porteuses de galles,
• sur les tomates ayant reçu du vermicompost, 10% sont porteuses de galles,
• sur les tomates ayant été arrosées à l’extrait de vermicompost, seulement 5% sont porteuses de galles.

Certains jardiniers pulvérisent la surface des feuilles avec le thé de compost, ce qui crée une compétition entre les micro-organismes favorables présents dans le thé de compost et ceux à l’origine de certaines maladies. Comme l’indique  Jean-Paul Collaert :

« L’extrait de vermicompost serait ainsi une parade efficace vis-à-vis dun terrible verticillium de la tomate qui cause un flétrissement souvent mortel sur les plants en début de production. Un effet fongicide a été remarqué sur la pourriture grise chez le fraisier et le haricot vert, l’oïdium sur vigne et le mildiou sur la tomate et la pomme de terre »

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